Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/407

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toyens de l’état qui avaient gouverné des provinces, commande des armées, possédé le consulat et porté les ornemens du triomphe, étaient chargés de chaînes, conduits ignominieusement sur des chariots publics et en présence de l’empereur. La confiscation, l’exil, ou une mort simple, passaient pour des exemples extraordinaires de sa douceur. Il fit enfermer dans des peaux de bêtes nouvellement égorgées plusieurs des malheureux qu’il destinait à la mort ; d’autres furent déchirés par des animaux, et quelques-uns expirèrent sous des coups de massue. Pendant les trois années de son règne, il dédaigna de visiter Rome ou l’Italie. Des circonstances particulières l’avaient obligé de transporter son armée des rives du Rhin aux bords du Danube. Son camp était le siége de cet affreux despotisme, qui, ouvertement soutenu par la puissance terrible de l’épée, foulait aux pieds les lois et l’équité[1]. Il ne souffrait

  1. On le comparait à Spartacus et à Athénion. (Hist. Aug., p. 141.) Quelquefois cependant la femme de Maximin savait, par de sages conseils qu’elle donnait avec cette douceur si propre à son sexe, ramener le tyran dans la voie de la vérité et de l’humanité. (Voy. Ammien-Marcellin, l. XIV, c. 1, où il fait allusion à un fait qu’il a rapporté plus au long sous le règne de Gordien. On peut voir par les médailles, que Paulina était le nom de cette impératrice bienfaisante : le titre de diva nous apprend qu’elle mourut avant Maximin. (Valois, ad loc. citat. Amm. ; Spanheim, de U. et P. N., t. II ; p. 300 (*).
    (*) Si l’on en croit Syncelle et Zonare, ce fut Maximin lui-même qui la fit mourir. (Note de l’Éditeur.)