Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/412

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et de gladiateurs[1]. Bien différent des autres magistrats qui célébraient dans Rome seulement un petit nombre de fêtes solennelles, Gordien, lorsqu’il fut édile, donna des spectacles tous les mois ; et pendant son consulat, les principales villes d’Italie éprouvèrent sa magnificence. Il fut élevé deux fois à cette dernière dignité par Caracalla et par Alexandre ; car il possédait le rare talent de mériter l’estime des princes vertueux, sans alarmer la jalousie des tyrans. Sa longue carrière fut partagée entre l’étude des lettres et les paisibles honneurs de Rome. Il refusa prudemment le commandement des armées et le gouvernement des provinces, jusqu’à ce qu’il eût été nommé proconsul d’Afrique par le sénat, et avec le consentement d’Alexandre[2]. Tant que ce prince vécut, l’Afrique fut heureuse sous l’administration de son digne représentant. Après l’usurpation du barbare Maximin, Gordien adoucit les maux qu’il ne pouvait prévenir. Lorsqu’il accepta, malgré

  1. Hist. Aug., p. 151, 152. Il faisait paraître quelquefois sur l’arène cinq cents couples de gladiateurs, jamais moins de cent cinquante. Il donna une fois au cirque cent chevaux siciliens et autant de la Cappadoce. Les animaux destinés pour le plaisir de la chasse étaient principalement l’ours, le sanglier, le taureau, le cerf, l’élan, l’âne sauvage, etc. Le lion et l’éléphant semblent avoir été réservés pour les empereurs.
  2. Voyez dans l’Histoire Auguste, p. 152, la lettre originale, qui montre à la fois le respect d’Alexandre pour l’autorité du sénat, et son estime pour le proconsul que cette compagnie avait désigné.