Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/445

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lébrés sous les règnes de Claude, de Domitien et de Sévère. Ils furent alors renouvelés pour la cinquième fois, et terminèrent une période complète de mille ans, depuis la fondation de la ville de Rome. Tout ce qui caractérisait les jeux séculaires contribuait merveilleusement à inspirer aux esprits superstitieux une vénération profonde. Le long intervalle qui s’écoulait entre les époques de leur célébration[1], excédait la durée de la vie humaine ; aucun spectateur ne les avait jamais vus, et aucun ne pouvait se flatter d’y assister une seconde fois. On offrait, durant trois nuits, sur les rives du Tibre, des sacrifices mystérieux ; et l’on exécutait dans le champ de Mars des danses et des concerts à la lueur d’une multitude innombrable de lampes et de flambeaux. Les esclaves et les étrangers étaient exclus de toute participation à ces cérémonies nationales. Vingt-sept jeunes gens, et autant de vierges, tous de famille noble et qui n’avaient pas perdu ceux dont ils tenaient le jour, se réunissaient en chœur et chantaient des hymnes sacrés. Après avoir imploré les dieux propices en faveur de la génération présente, après les avoir conjurés de veiller sur les tendres rejetons qui faisaient déjà l’espoir de la république,

  1. Cet intervalle était de cent ans ou de cent dix ans : Varron et Tite-Live ont adopté la première de ces opinions ; mais la dernière est consacrée par l’autorité infaillible des Sibylles (Censorin, De die nat., c.17.) Cependant les empereurs Claude et Philippe ne se conformèrent pas aux ordres de l’oracle.