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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

tutions qui les distinguât des légions ; seulement il paraît que leur discipline était moins rigide et leur extérieur plus pompeux[1].

Marine.

La marine des empereurs répondait peu à la grandeur de Rome ; mais elle suffisait pour remplir toutes les vues du gouvernement. L’ambition des Romains ne s’étendait point au-delà du continent ; ce peuple guerrier n’était pas animé de cet esprit entreprenant des Tyriens, des Carthaginois et des habitans de Marseille, qui avait porté ces hardis navigateurs à reculer les bornes du monde, et à découvrir les côtes les plus éloignées. L’Océan était plutôt pour les Romains un objet de terreur que de curiosité[2]. Après la ruine de Carthage et la destruction des pirates, toute l’étendue de la Méditerranée se trouva renfermée dans leur empire. La politique des empereurs n’avait pour but que de conserver en paix la souveraineté de cette mer, et de protéger le commerce de leurs sujets. Guidé par ces principes de modération, Auguste établit à demeure deux flottes dans les ports les plus commodes de l’Italie : l’une à Ravenne, sur la mer Adriatique ; l’autre à Misène,

  1. Tacite (annal. IV, 5) nous a donné un état des légions sous Tibère, et Dion (l. LV, p. 794) sous Alexandre Sévère. J’ai tâché de m’arrêter à un juste milieu entre ce qu’ils nous apprennent de ces deux périodes. Voyez aussi Juste-Lipse, De magnitudine romanâ, l. I, c. 4, 5.
  2. Les Romains essayèrent de cacher leur ignorance et leur terreur sous le voile d’un respect religieux. Voyez Tacite, Mœurs des Germains, c. 34.