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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/125

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soif et de la fatigue se joignit le souffle brûlant et pestilentiel des vents du désert : dix hommes montaient tour à tour le même chameau, et se trouvèrent réduits à l’humiliante nécessité de recourir, pour se désaltérer, à l’urine de cet utile quadrupède. À la moitié du chemin, c’est-à-dire à dix journées de Médine et de Damas, ils se reposèrent près du bocage et de la fontaine de Tabuc. Mahomet ne voulut pas aller plus avant ; il se déclara satisfait des intentions pacifiques de l’empereur d’Orient dont les préparatifs militaires l’avaient probablement effrayé ; mais l’intrépide Caled répandit la terreur de son nom aux environs des lieux qu’il parcourait ; et le prophète reçut la soumission des tribus et des villes, depuis l’Euphrate jusqu’à Ailah, ville située à la pointe de la mer Rouge. Mahomet accorda sans peine à ses sujets chrétiens la sûreté de leurs personnes, la liberté de leur commerce, la propriété de leurs biens, et la permission d’exercer leur culte[1].

  1. Le Diploma securitatis Ailensibus, est attesté par Ahmed-Ben-Joseph et par l’auteur Libri splendorum (Gagnier, Not. ad Abulféda, p. 125). Mais Abulféda lui-même, ainsi qu’Elmacin (Hist. Saracen., p. 11), quoiqu’ils conviennent des égards de Mahomet pour les chrétiens (p. 13), ne font mention que de la paix qu’il fit avec eux et du tribut qu’il leur imposa. En 1630, Sionita publia à Paris le texte et la version de la patente de Mahomet en faveur des chrétiens ; elle fut admise par Saumaise et rejetée par Grotius (Bayle, Mahomet, Rem. A. A.). Hottinger doute de son authenticité (Hist. orient., p. 237). Renaudot fait valoir en sa faveur l’aveu des musulmans (Hist. patriarch. Alexand.,