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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/148

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sainteté a déterminé l’ordre de la succession[1], ils donnent la dernière place à l’époux de Fatime. L’historien, qui d’une main inaccessible aux monumens de la superstition, pèsera le mérite des quatre califes, prononcera que leurs mœurs furent également pures et exemplaires ; que leur zèle fut ardent, et, selon toute apparence, sincère ; et qu’au milieu de leurs richesses et de leur puissance, ils consacrèrent leur vie à la pratique des devoirs de la morale et de la religion ; mais les vertus publiques d’Abubeker et d’Omar, la sagesse du premier et la sévérité du second maintinrent leur état en paix et en prospérité. Le caractère faible et la vieillesse d’Othman le rendirent incapable d’augmenter l’empire par des conquêtes ou de soutenir le fardeau du gouvernement. Il déléguait son autorité, et on le trompait ; il donnait sa confiance, et on le trahissait. Les plus sages d’entre les fidèles lui furent inutiles ou devinrent ses ennemis, et ses prodigues largesses ne firent que des ingrats et des mécontens. L’esprit de discorde se répandit dans les provinces ; leurs députés s’assemblèrent à Médine, et l’on confondit avec les

  1. Cette gradation de mérite est marquée d’une manière distincte dans un symbole qu’explique Reland (De relig. moham., l. I, p. 37), et par un argument des sonnites que rapporte Ockley (Hist. of the Sarac., t. II, p. 230). L’usage de maudire la mémoire d’Ali fut aboli quarante ans après par les Ommiades eux-mêmes (d’Herbelot, p. 690) ; et il y a peu de Turcs qui osent l’insulter comme infidèle. (Voyages de Chardin, t. IV, p. 46.)