Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/157

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cents pièces d’argent. » Hosein, frère cadet de Hassan, avec toute la piété de celui-ci, avait reçu en héritage une partie du courage de son père ; il servit avec honneur, contre les chrétiens, au siége de Constantinople. Il réunissait la primogéniture de la race d’Hashem, et le sacré caractère de petit-fils de l’apôtre ; il pouvait suivre ses prétentions contre Yezid, tyran de Damas, dont il méprisait les vices, et dont il n’avait jamais daigné reconnaître les titres. On transmit secrètement, de Cufa à Médine, une liste de cent quarante mille musulmans, qui se déclaraient en faveur de sa cause, et qui promettaient de s’armer de leur glaive dès qu’il se montrerait sur les bords de l’Euphrate. Malgré les conseils des plus sages de ses amis, il résolut de mettre sa personne et sa famille entre les mains d’un peuple perfide. Il traversa le désert de l’Arabie avec une nombreuse suite de femmes et d’enfans effrayés ; mais lorsqu’il approcha des frontières de l’Irak, la solitude du pays, et les apparences d’inimitié qu’il remarqua, lui inspirèrent des alarmes, et lui firent craindre la défection ou la ruine de son parti. Ses craintes étaient fondées ; Obeidollah, gouverneur de Cufa, avait amorti les premières étincelles d’une insurrection, et Hosein fut environné, dans la plaine de Kerbela, par cinq mille chevaux, qui interceptèrent sa communication avec la ville et le fleuve. Il pouvait encore se réfugier dans une forteresse du désert, qui avait bravé les forces de César et de Chosroès, et compter sur la fidélité de la tribu de Tai, qui aurait