Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/158

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conférence avec le chef de la troupe ennemie, il demanda, ou qu’on lui permît de retourner à Médine, ou qu’on le plaçât dans une des garnisons de frontières qu’on entretenait contre les Turcs, ou enfin qu’on le conduisît sain et sauf devant Yezid ; mais les ordres du calife, ou ceux de son lieutenant, étaient rigoureux et absolus, et l’on répondit à Hosein qu’il devait se soumettre, en qualité de captif et de criminel, au commandeur des fidèles, ou s’attendre à porter la peine de sa rebellion. « Comptez-vous m’effrayer, répliqua-t-il, en me menaçant de la mort ? » Il passa la nuit suivante à se préparer à son sort avec une résignation calme et solennelle. Il consola sa sœur Fatime, qui déplorait la ruine de sa maison. « Nous ne devons avoir confiance qu’en Dieu, lui dit-il ; au ciel et sur la terre tout doit périr et retourner vers son créateur : mon frère, mon père, ma mère, valaient mieux que moi, et la mort du prophète doit nous servir d’exemple à tous. » Il pressa ses amis de pourvoir à leur sûreté par une prompte fuite ; d’une voix unanime ils refusèrent d’abandonner leur maître chéri ou de lui survivre ; il fortifia leur courage par une prière fervente et la promesse du paradis. Le matin de ce jour fatal, Hosein monta à cheval ; il prit son épée d’une main et le Koran de l’autre ; les généreux martyrs de sa cause étaient au nombre seulement de trente-deux cavaliers et de quarante fantassins ; mais ils avaient barricadé leurs flancs et leurs derrières avec les cordes de leurs