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de six siècles à l’ombre du trône de la Perse[1]. Le dernier des princes Mondars fut défait et tué par Caled ; son fils captif fut envoyé à Médine ; ses nobles se prosternèrent devant le successeur de Mahomet ; le peuple fut séduit par l’exemple et les succès de ses compatriotes, et le calife reçut pour premier fruit de ses conquêtes étrangères un tribut annuel de soixante-dix mille pièces d’or. Les vainqueurs et même leurs historiens furent étonnés de ce premier éclat de leur grandeur future. « La même année, dit Elmacin, Caled livra plusieurs grandes batailles ; il fit un immense carnage des infidèles, et une quantité innombrable de dépouilles d’une valeur infinie tomba au pouvoir des musulmans victorieux »[2]. Mais l’invincible Caled fut bientôt chargé de la guerre de Syrie ; des chefs moins actifs ou moins prudens diri-

  1. Pococke explique la chronologie de la dynastie des Al-mondars (Specimen Hist. Arabum, p. 66-74), et d’Anville donne les détails relatifs à la situation géographique de leurs états (l’Euphrate et le Tigre, p. 125). Le savant Anglais savait plus d’arabe que le mufti d’Alep (Ockley, vol. II, p. 34). Dans quelque siècle, dans quelque pays du monde que se transporte le géographe français, il est partout également dans son domaine.
  2. Fecit et Chaled plurima in hoc anno prælia, in quibus vicerunt Muslimi et infidelium immensâ multitudine occisâ spolia infinita et innumera sunt nacti (Hist. Saracen., p. 20). L’annaliste chrétien se permet souvent l’expression d’infidèles, nationale chez les musulmans, et qui épargne de longues énumérations ; et si je l’imite souvent, j’espère qu’on n’en sera pas scandalisé.