Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/274

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la résidence des patriarches avait peut-être une Bibliothéque ; mais si les volumineux ouvrages des controversistes ariens ou monophysites chauffèrent en effet les bains publics[1], le philosophe avouera en souriant qu’ils auront enfin servi de quelque chose au genre humain. Je regrette sincèrement des Bibliothéques plus précieuses qui se sont trouvées enveloppées dans la ruine de l’Empire romain. Mais lorsque je calcule sérieusement l’éloignement des temps, les dégâts produits par l’ignorance, et enfin les calamités de la guerre, je suis plus étonné des trésors qui nous restent que de ceux que nous avons perdus. Un grand nombre de faits curieux et intéressans sont tombés dans l’oubli ; les ouvrages des trois grands historiens de Rome ne nous sont parvenus que mutilés, et nous sommes privés d’une foule de morceaux agréables de la poésie lyrique, iambique et dramatique des Grecs ; mais il faut se réjouir de ce que les événemens et les ravages du temps ont épargné les livres classiques, auxquels le suffrage de

    cellin (XXII, 16) et Orose (l. VI, c. 15) ; ils parlent tous au temps passé, et le passage d’Ammien est remarquable : fuerunt Bibliothecæ innumerabiles ; et loquitur monumentorum veterum concinens fides, etc.

  1. Renaudot assure que l’on brûla des versions de la Bible, des hexaples, des Catenæ patrum, des Commentaires, etc. (p. 170). Notre manuscrit d’Alexandrie, s’il est venu d’Égypte et non pas de Constantinople ou du mont Athos (Wettstein, Prolegomen., ad N. T., p. 8, etc.), aurait pu se trouver parmi les ouvrages dévoués aux flammes.