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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/288

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de Carthage, sur un coteau d’une pente douce arrosé par un ruisseau, et ombragé d’un bosquet de genévriers ; les ruines d’un arc de triomphe, d’un portique et de trois temples d’ordre corinthien, offrent encore aux voyageurs les restes de la magnificence des Romains[1]. Cette opulente ville une fois au pouvoir des musulmans, les habitans de la province et les Barbares implorèrent de tous côtés la clémence du vainqueur : des offres de tribut, des professions de foi, vinrent flatter la piété ou l’orgueil des Arabes ; mais les pertes, les fatigues et les progrès d’une maladie épidémique les empêchèrent de former dans ce pays un établissement solide, et après une campagne de quinze mois, ils se retirèrent vers les confins de l’Égypte avec les captifs et le butin dont ils s’étaient emparés. Le calife accorda son cinquième à un de ses favoris comme le payement d’un prétendu prêt de cinq cent mille pièces d’or[2] ; mais s’il est vrai que le partage réel du butin ait été pour chaque fantassin de mille pièces d’or et de trois mille pour chaque cavalier, l’état, dans cette affaire, fut doublement lésé par des arrangemens frauduleux. On

  1. Shaw, Travels, p. 118, 119.
  2. Mimica emptio, dit Abulféda, erat hæc, et mira donatio ; quandoquidem Othman, ejus nomine nummos ex ærario priùs ablatos ærario præstabat (Ann. mosl., p. 78). Elmacin (dans son obscure version, p. 39) semble rapporter cette même intrigue. Lorsque les Arabes assiégèrent le palais d’Othman, ce fut un des principaux griefs qu’ils alléguèrent.