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Leurs qualités et leurs vertus sociales.

Mais cet esprit de rapine et de vengeance était adouci par le commerce et le goût de la littérature. Les peuples les plus civilisés de l’ancien monde environnent la solitaire péninsule où se trouve l’Arabie ; le marchand est l’ami de toutes les nations ; et les caravanes annuelles apportaient dans les villes, et même dans les camps du désert, les premiers rayons de la lumière et les premiers germes de la politesse. Quelle que soit la généalogie des Arabes, leur langue est dérivée de la même source que l’hébreu, le syriaque et le chaldéen : les différences de dialecte, qu’on remarque entre les diverses tribus, sont une preuve de leur indépendance[1] ; et toutes préfèrent, après le leur, l’idiome pur et clair de la Mecque. Dans l’Arabie, ainsi que dans la Grèce, le langage a fait des progrès plus rapides que les mœurs : il y avait quatre-vingts mots pour désigner le miel, deux cents pour désigner le serpent, cinq cents pour

    longue suite de siècles on n’a manqué que quatre ou six fois à cette trève (Sale, Disc. prélim., p. 147-150, et Notes sur le neuvième chapitre du Koran, p. 154, etc. ; Casiri, Bibl. hispano-arabica, t. II, p. 20, 21).

  1. Arrien, qui vivait au second siècle, remarque (in Periplo Maris Erythrœi, p. 12) la différence partielle ou totale des dialectes arabes. Pococke (Specimen, p. 150-154), Casiri (Bibl. hispano-arabica, t. I, p. 1, 83, 292 ; tom. II, p. 25, etc.) et Niebuhr (Descript. de l’Arabie, p. 72-86) ont traité fort en détail ce qui a rapport à la langue et à l’alphabet des Arabes ; mais je passe légèrement sur cet objet, n’ayant nul plaisir à répéter comme un perroquet des mots que je n’entends pas.