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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/369

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chie française attirait ces fanatiques toujours avides de conquêtes : les descendans de Clovis n’avaient pas hérité de son courage et de son caractère indompté. Le malheur ou la faiblesse des derniers rois de la race mérovingienne avait attaché à leurs noms le titre de fainéans[1]. Ils régnaient sans pouvoir et mouraient sans gloire. Un château situé aux environs de Compiègne[2] était leur résidence ou leur prison ; mais toutes les années, aux mois de mars et de mai, un chariot attelé de six bœufs les menait à l’assemblée des Francs, où ils donnaient audience aux ambassadeurs étrangers, et où ils ratifiaient les actes des maires du palais. Cet officier domestique se trouvait être le ministre de la nation et le maître du prince : un emploi public était devenu le patrimoine d’une seule famille. Le premier Pépin avait laissé à sa veuve et au fils qu’elle lui avait donné, la

  1. Éginhard, De vitâ Caroli magni, c. 2, p. 13-18, édit. de Schmink, Utrecht, 1711. Des critiques modernes accusent le ministre de Charlemagne d’avoir exagéré la faiblesse des Mérovingiens ; mais ses traits généraux sont exacts, et le lecteur français répétera à jamais les beaux vers du Lutrin de Boileau.
  2. Mamaccæ sur l’Oise, entre Compiègne et Noyon, qu’Éginhard appelle perpavi reditùs villam (voyez les Notes de la carte de l’ancienne France de la Collection de dom Bouquet). Compendium ou Compiègne était un palais plus majestueux (Adrien Valois, Notitia Gallarium, p. 152) ; et l’abbé Gagliani, ce philosophe jovial, a pu dire avec vérité (Dialogue sur le commerce des blés) que c’était la résidence des rois très-chrétiens et très-chevelus.