Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/395

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sensuelles ; cependant ces habiles ouvriers ne doivent considérer qu’avec une jalousie sans espoir les hexagones et les pyramides des cellules d’une ruche d’abeilles[1]. La férocité des lions et des tigres doit épouvanter ces hommes braves, et dans les plaisirs de l’amour leur vigueur est bien au-dessous de celle des plus vils quadrupèdes. Les maîtres de la sagesse sont les véritables flambeaux et les législateurs du monde, qui, sans eux, retomberait dans l’ignorance et la barbarie[2]. » Les princes de la maison d’Abbas qui succédèrent à Almamon eurent la même curiosité et le même zèle ; leurs rivaux, les Fatimites

  1. Voyez les détails de cette curieuse architecture dans Réaumur (Hist. des Insectes, t. V, Mémoire 8). Ces hexagones sont terminés par une pyramide. Un mathématicien a cherché quels angles des trois côtés d’une semblable pyramide rempliraient l’objet donné avec la moindre quantité de matière possible, et il a fixé le plus grand à cent neuf degrés vingt-six minutes, et le plus petit à soixante-dix degrés trente-quatre minutes. La mesure que suivent les abeilles est de cent neuf degrés vingt-huit minutes, et de soixante-dix degrés trente-deux minutes. Cette parfaite concordance ne fait cependant honneur à l’ouvrage qu’aux dépens de l’artiste, car les abeilles ne sont pas instruites dans la géométrie transcendante.
  2. Sæd-Ebn-Ahmed, cadi de Tolède, qui mourut A. H. 462, A. D. 1069, a fourni à Abulpharage (Dynast., p. 160) ce passage curieux, ainsi que le texte du Specimen Historiæ Arabum de Pococke. Des anecdotes littéraires sur les philosophes et les médecins, etc., qui ont vécu sous chaque calife, forment le principal mérite des Dynasties d’Abulpharage.