Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/459

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dévotion, et on y voit la liberté du commerce et le bonheur de la vie privée tyrannisés par la prohibition absolue du divorce, du concubinage et du prêt à intérêt. Un sujet de Constantin pouvait admirer dans la compilation historique les inimitables vertus de la Grèce et de Rome ; il pouvait y voir à quel point d’énergie et d’élévation l’homme était jadis parvenu ; mais une nouvelle édition de la Vie des saints que le grand-logothète, ou chancelier de l’empire, eut ordre de préparer, dut produire un effet contraire ; et Simon le Métaphraste[1] enrichit et orna de ses légendes fabuleuses le fond obscur que lui avait fourni la superstition. Au jugement de la raison, tous les mérites et les miracles célébrés dans la totalité du calendrier, ont moins de prix que le travail d’un seul cultivateur qui multiplie les dons du ciel et fournit à la subsistance de ses semblables. Cependant les empereurs à qui nous devons les Géoponiques, exposent avec plus de soin les préceptes d’un art destructeur, de celui de la guerre, qu’on enseignait dès le temps de Xénophon[2] comme l’art

  1. Hankius (De scriptorib. Byzant., p. 418-460) donne l’abrégé de la vie et la liste des ouvrages de Métaphraste. Ce biographe des saints s’est complu dans des paraphrases sur les sens ou les absurdités des anciens actes : son style de rhéteur ayant été paraphrasé une seconde fois dans la version latine de Surius, à peine distingue-t-on aujourd’hui un fil de la trame primitive.
  2. Selon le premier livre de la Cyropédie, la tactique, qui n’est qu’une petite partie de l’art de la guerre, était