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des héros et des rois. La tactique de Léon et de Constantin a reçu l’alliage de l’esprit du siècle où ils vécurent ; son caractère était l’absence du génie et de l’originalité ; aussi transcrivent-ils sans réflexion les règles et les maximes confirmées par des victoires ; on n’y connaissait plus ni style, ni méthode ; aussi les voit-on confondre aveuglément les institutions les plus éloignées et celles qui ont le moins d’accord entre elles, la phalange de Sparte et celle de Macédoine, les légions de Caton et de Trajan, d’Auguste et de Théodose. On peut même contester l’utilité, ou du moins l’importance de ces élémens de l’art militaire ; leur théorie générale est dictée par la raison, mais c’est l’application qui en fait le mérite et la difficulté. L’exercice plutôt que l’étude forme la discipline du soldat. Le talent de la guerre est le partage de ces esprits calmes mais rapides que produit la nature pour décider du sort des armées et des nations : la première de ces qualités tient à l’habitude de la vie ; la seconde au coup d’œil du moment, et les batailles gagnées par les leçons de la tactique sont aussi rares que les épopées créées d’après les règles de la critique. Le livre des cérémonies est

    déjà professée en Perse, ce qu’il faut rapporter à la Grèce. Une bonne édition de tous les auteurs qui ont écrit sur la tactique serait une tâche digne d’un savant : il pourrait découvrir quelques manuscrits nouveaux, et ses connaissances pourraient jeter du jour sur l’histoire militaire des anciens ; mais ce savant devrait être de plus un soldat, et malheureusement nous n’avons plus de Quintus-Icilius.