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tion de ce dévouement. Le père de Mahomet lui-même fut ainsi dévoué à la mort par un vœu téméraire, et on eut beaucoup de peine à faire accepter cent chameaux pour sa rançon. Dans ces temps d’ignorance, les Arabes, comme les Juifs et les Égyptiens, s’abstenaient de la viande de porc[1] ; ils faisaient circoncire[2] leurs enfans à l’âge de puberté, et ces coutumes, qui n’ont été ni improuvées ni ordonnées par le Koran, se sont transmises en silence à leur postérité et à leurs prosélytes. On a conjecturé, avec beaucoup d’esprit, que l’adroit législateur s’était conformé aux opiniâtres préventions de ses compatriotes : il est plus simple de croire qu’il avait suivi les habitudes et les opinions de sa jeunesse, sans prévoir qu’un usage analogue au climat de la Mecque deviendrait inutile ou incommode sur les rives du Danube ou du Volga.

  1. Suillis carnibus abstinent, dit Solin (Polyhist., c. 33), qui copie cette étrange supposition de Pline (l. VIII, c. 68), que les cochons ne peuvent vivre en Arabie. Les Égyptiens avaient une aversion naturelle et superstitieuse pour cette bête malpropre (Marsham, Canon., p. 205). Les anciens Arabes pratiquaient aussi, post coitum, la cérémonie de l’ablution (Hérodote, l. I, c. 80), que la loi des musulmans a consacrée (Reland, p. 75, etc. ; Chardin, ou plutôt le Mollah de Shah Abbas, tom. IV, p. 71, etc.).
  2. Les docteurs musulmans n’aiment pas à traiter cette matière ; ils regardent cependant la circoncision comme nécessaire au salut ; ils prétendent même, que par une sorte de miracle, Mahomet naquit sans prépuce (Pococke, Spec., p. 319, 320 ; Sale, Disc. prélim., p. 106, 107).