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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/516

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les femmes, pour prendre part à cette entreprise méritoire, envoyaient à leur place un soldat avec ses armes et son cheval. Leurs armes offensives et défensives étaient, par leur force et leur trempe, égales à celles des Romains ; mais ils se montraient bien supérieurs dans l’art de conduire un cheval ou de lancer des traits. Les plaques d’argent qui couvraient les baudriers, les épées et même l’équipage du cheval, étalaient la magnificence d’une nation fortunée ; et, si l’on en excepte quelques archers noirs venus du Midi, les Arabes faisaient peu de cas de la valeur indigente et désarmée de leurs ancêtres. Au lieu de chariots, ils avaient à leur suite une longue file de chameaux, d’ânes et de mulets ; la multitude de ces animaux, qu’ils ornaient de pavillons et de banderolles, grossissait en apparence leur nombre, et augmentait la pompe de leur armée ; et la figure difforme, ainsi que la détestable odeur de leurs chameaux, portaient souvent le désordre parmi les chevaux de l’ennemi. Ils souffraient la chaleur et la soif avec une patience qui les rendait invincibles ; mais le froid de l’hiver glaçait leurs esprits : on connaissait leur disposition au sommeil, et il fallait recourir aux précautions les plus rigoureuses pour ne pas se laisser surprendre au milieu des ténèbres. Leur ordre de bataille était un parallélogramme de deux lignes profondes et solides, l’une d’archers et l’autre de cavalerie. Dans leurs combats sur mer et sur terre, ils soutenaient avec intrépidité l’attaque la plus furieuse, et en général ils ne s’avançaient pour