Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/526

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et des tribunaux de l’Orient[1]. Mais le peuple et les soldats des provinces de l’Asie ignoraient cette langue étrangère ; la plupart des interprètes des lois et des ministres d’état ne la savaient qu’imparfaitement. Après une lutte de peu de durée, la nature et l’habitude triomphèrent des institutions de la puissance humaine : Justinien, pour l’avantage de ses sujets, promulgua ses Novelles dans les deux langues ; les diverses parties de sa volumineuse jurisprudence furent successivement traduites :[2] on oublia l’original, on n’étudia que la version ; et la langue, qui en elle-même méritait la préférence, devint, dans l’empire grec, l’idiome de la loi ainsi que celui de la nation. Les successeurs de Justinien devinrent par leur

  1. Consultez la préface de Ducange (ad Gloss. græc. medii ævi), et les Novelles de Justinien (VII, LXVI). L’empereur disait que la langue grecque était κοινος, la langue latine πατριος pour lui, et enfin qu’elle était κυριωτατος pour le πολιτειας σχημα, pour le système du gouvernement.
  2. Ου μεν αλλα και Λατινικη λεξις και φρασις εις το‌υς νομο‌υς κρυπτο‌υσα το‌υς συνειναι ταυτην μη δυναμενο‌υς ισχυρους απετειχιζε (Matth. Blastares, Hist. jur., apud. Fabric., Bibl. græc., t. XII, p. 369). Le Code et les Pandectes furent traduits au temps de Justinien (p. 358-366). C’est Thalelæus qui publia la version des Pandectes. Théophile, un des trois premiers jurisconsultes chargés par Justinien de ce travail, a laissé une paraphrase élégante, mais diffuse des Institutes. D’un autre côté, Julien, antécesseur de Constantinople (A. D. 570) CXX Novellas græcas eleganti latinitate donavit (Heineccius, Hist. J. R., p. 396), à l’usage de l’Italie et de l’Afrique.