Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/527

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extraction et l’usage du pays qu’ils habitaient, étrangers à la langue romaine. Tibère, selon les Arabes[1], et Maurice, selon les Italiens[2], furent les premiers Césars grecs, et les fondateurs d’une nouvelle dynastie et d’un nouvel empire : cette sourde révolution fut achevée avant la mort d’Héraclius, et quelques restes obscurs de la langue latine se conservèrent dans les termes de jurisprudence et dans les acclamations du palais. Lorsque Charlemagne et les Othon eurent rétabli l’empire d’Occident, les noms de Francs et de Latins acquirent la même acception et la même étendue, et ces Barbares hautains soutinrent avec une sorte de justice leurs droits au langage comme à la domination de Rome. Ils insultèrent aux peuples de l’Orient qui avaient renoncé à l’habit et à l’idiome des Romains, et s’autorisèrent de ces raisonnables habitudes pour les dési-

  1. Abulpharage dit que la septième dynastie fut celle des Francs ou des Romains ; la huitième, celle des Grecs, et la neuvième, celle des Arabes. A tempore Augusti Cæsaris, donec imperaret Tiberius Cæsar, spatio circiter annorum 600 fuerunt imperatores C. P. patricii, et præcipua pars exercitûs romani : extra quod, consiliarii, scribæ et populus, omnes Græci fuerunt : deinde regnum etiam Græcanicum factum est (p. 96, vers. Pococke). Abulpharage avait étudié la religion chrétienne et les matières ecclésiastiques, et il avait quelque avantage sur les musulmans plus ignorans.
  2. Primus ex Græcorum genere in imperio confirmatus est ; ou, suivant un autre manuscrit de Paul Diacre (l. III, c. 15, p. 443), in Græcorum imperio.