Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/104

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engagea ou l’on força trois cents jeunes nobles à suivre les leçons du collége de Jaroslas. Il paraîtrait que la Russie aurait pu tirer, pour le progrès des lumières, de grands avantages de ses liaisons particulières avec l’Église et l’état de Constantinople, qui alors méprisait à juste titre l’ignorance des Latins. Mais la nation grecque était esclave, isolée et dans un état de décadence rapide : après la chute de Kiow, la navigation du Borysthène fut négligée ; les souverains de Wolodimir et de Moscou se trouvèrent séparés de la mer et de la chrétienté, et les Tartares firent subir à la monarchie divisée le joug honteux de la barbarie[1]. Le royaume des esclavons et des Scandinaves, convertis par les missionnaires latins, se trouvait à la vérité exposé à la juridiction spirituelle et aux prétentions temporelles des papes[2] : mais ils avaient la même langue

  1. Les grands princes abandonnèrent en 1156 la résidence de Kiow, qui, en 1240, fut ruinée par les Tartares. Moscou devint au quatorzième siècle le siége de l’empire. Voyez le premier et le second volume de l’Hist. de Russie, par M. Lévesque, et les Voyages de Coxe dans le Nord, t. I, p. 241.
  2. Les ambassadeurs de saint Étienne avaient employé les expressions respectueuses de regnum oblatum, debitam obedientiam, etc., que Grégoire VII interpréta à la rigueur ; et les Hongrois se trouvent très-embarrassés entre la sainteté du pape et l’indépendance de la couronne (Katona, Hist. critica, t. I, p. 20-25 ; t. II, p. 304, 346, 360, etc.).