Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’ils possèdent et espèrent tout ce qu’ils désirent ; les armes et les chevaux, le luxe des habits et l’exercice de la chasse et de la fauconnerie, font les délices des Normands[1] ; mais, dans les occasions pressantes, ils supportent avec une patience incroyable les rigueurs de tous les climats, et la fatigue et les privations d’une vie militaire[2]. »

Oppression de la Pouille. A. D. 1046, etc.

Les Normands de la Pouille se trouvaient aux confins des deux empires d’Allemagne et de Constantinople ; et, selon la politique du moment, ils recevaient l’investiture de leurs terres de l’un ou de l’autre des deux empereurs. Mais le droit de conquête était le titre le plus solide de ces aventuriers : ils n’aimaient personne et ne se fiaient à personne ; personne ne les aimait ni ne se fiait à eux ; le mépris qu’ils inspiraient aux princes était mêlé de frayeur, et la crainte des naturels du pays à leur égard était mêlée de haine et de ressentiment. Dès qu’ils désiraient un cheval, une femme, un jardin, ils ne man-

  1. Le goût de la chasse et l’usage du faucon appartenaient plus particulièrement aux descendans des marins de la Norvège ; au reste, les Normands auraient pu apporter de la Norwège et de l’Irlande les plus beaux oiseaux de fauconnerie.
  2. On peut comparer ce portrait avec celui de Guillaume de Malmsbury (De gest. Anglorum, l. III, p. 101, 102), qui apprécie en historien philosophe les vices et les vertus des Saxons et des Normands. L’Angleterre a certainement gagné à la conquête.