Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/163

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toutes les côtes qui présentaient quelque espoir de liberté et de vengeance. L’empereur grec les prit à son service, et on les établit d’abord dans une nouvelle ville de la côte d’Asie ; mais Alexis les appela bientôt au secours de sa personne et de son palais, et légua depuis à ses successeurs l’héritage de leur bravoure et de leur fidélité[1]. Se rappelant avec indignation ce qu’ils avaient souffert de la part des Normands, ils marchèrent avec joie contre l’ennemi national, et ils brûlaient de recouvrer en Épire la gloire qu’ils avaient perdue à la bataille de Hastings. Les Varangiens étaient soutenus de quelques compagnies de Francs ou de Latins ; les rebelles, qui s’étaient réfugiés à Constantinople pour échapper à la tyrannie de Guiscard, s’empressaient de signaler leur zèle et de satisfaire leur vengeance. Dans ces circonstances difficiles l’empereur n’avait pas dédaigné les secours impurs des pauliciens ou des manichéens de la Thrace et de la Bulgarie, et ces hérétiques réunissaient à l’intrépidité des martyrs, la valeur active et la discipline des plus braves soldats[2]. Le traité avec le sultan avait procuré à

  1. Voyez Guillaume de Malmsbury, De Gestis Anglor., l. II, p. 92. Alexius fidem Anglorum suscipiens, præcipuis familiaritatibus his eos applicabat, amorem eorum filio transcribens. Ordericus Vitalis (Hist. eccles., l. IV, p. 508 ; l. VII, p. 641) raconte leur départ d’Angleterre et leur service dans l’empire grec.
  2. Voyez l’Apulien, l. I, p. 256. J’ai tracé dans le cin-