Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/164

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l’empereur un renfort d’environ mille Turcs, et on opposa les traits de la cavalerie des Scythes aux lances de la cavalerie des Normands. Aux premiers bruits qui lui parvinrent de la force redoutable de l’armée qu’il voyait de loin s’avancer vers lui, Robert assembla un conseil composé de ses principaux officiers. « Vous voyez, leur dit-il, dans quel péril vous êtes ; il est pressant et inévitable. Les collines sont couvertes de guerriers et de drapeaux, et l’empereur des Grecs est accoutumé aux guerres et aux triomphes. Nous ne pouvons nous sauver que par l’obéissance et l’union, et je suis prêt à céder le commandement à un général plus habile, » Les acclamations même de ses ennemis secrets l’ayant assuré en ce périlleux moment de leur estime et de leur confiance : « Comptons, ajouta-t-il, sur les fruits de la victoire, et ne laissons aux lâches aucun moyen d’échapper. Brûlons nos vaisseaux et nos bagages, et combattons sur ce terrain, comme si c’était le lieu de notre naissance et de notre sépulture. » Cette résolution fut unanimement approuvée, et dédaignant de se renfermer dans les lignes, Guiscard, à la tête de son armée rangée en bataille, attendit l’approche de l’ennemi. Une rivière de peu de largeur couvrait ses derrières ; son aile droite se prolongeait jusqu’à la mer, et sa gauche aboutissait à des collines : il ne savait peut-être pas qu’en ce

    quante-quatrième chapitre le caractère et l’histoire de ces manichéens.