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même lieu César et Pompée s’étaient disputé l’empire du monde[1].

Bataille de Durazzo. A. D. 1081. Oct. 18.

Alexis ayant résolu, contre l’avis de ses plus sages capitaines, de risquer l’événement d’une bataille, exhorta la garnison de Durazzo à concourir, par une sortie faite à propos, à la délivrance de la ville. Il marcha sur deux colonnes pour surprendre les Normands avant la pointe du jour, et de deux côtés sa cavalerie légère se répandit sur la plaine ; les archers formaient la seconde ligne, et les Varangiens se réservèrent l’honneur de combattre à l’avant-garde. Au premier choc, les haches de bataille des étrangers portèrent des coups terribles à l’armée de Guiscard, réduite alors à quinze mille hommes. Les Lombards et les Calabrois prirent honteusement la fuite ; ils coururent vers les bords de la rivière et vers ceux de la mer ; mais on avait détruit le pont, afin d’arrêter les soldats de la place, et la côte était bordée de galères vénitiennes qui firent jouer leurs machines au milieu de cette multitude en désordre. Prête à périr, elle fut sauvée par la valeur et la conduite de ses chefs. Les Grecs représentent Gaita, femme de Robert, comme une amazone et une seconde Pallas ; moins habile dans les arts, mais non moins terrible à la guerre

  1. Voyez le simple et admirable récif de César (Comment. de bell. civil., III, 41-75). Il est dommage que Quintus Icilius (M. Guichard) n’ait pas assez vécu pour analyser ces opérations, ainsi qu’il a analysé les campagnes d’Afrique et d’Espagne.