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mais on retira le corps, et il fut déposé dans les tombeaux de Vénuse[1], lieu plus célèbre par la naissance d’Horace[2] que par la sépulture du héros normand. Roger, son second fils et son successeur, se trouva réduit à la modeste condition de duc de la Pouille. Soit estime ou partialité, Guiscard n’avait laissé au brave Bohémond d’autre héritage que son épée. Les prétentions de celui-ci troublèrent la tranquillité nationale jusqu’à l’époque où la première croisade contre les Sarrasins de l’Orient lui ouvrit une carrière plus éclatante de gloire et de conquêtes[3].

Règne et ambition de Roger, grand comte de Sicile. A. D. 1101-1154. Février 26.

Les plus brillantes comme les plus modestes espérances de la vie sont toutes et bientôt terminées par le tombeau. La lignée masculine de Robert Guiscard s’éteignit à la seconde génération, soit dans la Pouille, soit à Antioche ; mais son frère cadet fut la souche d’une ligne de rois, et le fils du grand-comte hérita du nom, des conquêtes et du courage

  1. Urbs Venusina nitet tantis decorata sepulchris.


    C’est un des meilleurs vers du poëme de l’Apulien (l. V, p. 278). Guillaume de Malmsbury (l. III, p. 107) rapporte une épitaphe de Guiscard, qui ne mérite pas d’être insérée ici.

  2. Horace toutefois avait peu d’obligations à Vénuse : il fut conduit à Rome dès son enfance (Sermon. I, 6), et ses allusions multipliées aux limites incertaines de la Pouille et de la Lucanie (Carm. III, 4, Sermon II, 1) sont indignes de son siècle et de son génie.
  3. Voyez Giannone (t. II, p. 88-93) et les historiens de la première croisade.