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de Roger premier[1]. Ce fils était né en Sicile et n’avait que quatre ans lorsqu’il succéda à la souveraineté de ce pays, lot que la raison pourrait envier si elle se permettait un moment l’estimable mais chimérique désir du pouvoir. Si Roger s’était contenté de son fertile patrimoine, ses peuples reconnaissans auraient pu bénir leur bienfaiteur, et si une sage administration avait ramené les heureux temps des colonies grecques[2], la richesse et la puissance de la Sicile auraient égalé ce qu’on pouvait attendre des plus vastes conquêtes ; mais l’ambition du grand comte ne connaissait pas de si nobles desseins : ce fut par les vulgaires moyens de la violence et de l’artifice qu’il voulut la satisfaire. Il chercha à dominer seul à Palerme, dont la branche aînée avait obtenu la moitié ; il s’efforça d’étendre la Calabre

  1. Les règnes de Roger et des trois Normands de la Sicile occupent quatre livres de l’Istoria civile de Giannone (t. II, l. XI-XIV, p. 136-340), et se trouvent épars dans les neuvième et dixième volumes des Annales de Muratori. La Bibliothéque italique (t. I, p. 175-222) contient un extrait fort utile de Capacelatro, moderne Napolitain, qui a publié deux volumes sur l’histoire de son pays, depuis Roger Ier jusqu’à Frédéric II inclusivement.
  2. Selon le témoignage de Philistus et de Diodore, Denys, tyran de Syracuse, entretenait une armée de dix mille cavaliers, de cent mille fantassins et de quatre cents galères. Rapprochez Hume (Essays, vol. I, p. 268-435) de Wallace son adversaire (Numbers of Mankind, p. 306-307). Tous les voyageurs, d’Orville, Riedesel, Swinburne, etc., parlent des ruines d’Agrigente.