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des princes grecs des alliances politiques et domestiques, qui pussent relever son titre de roi : il demanda en mariage une fille de la maison des Comnène, et les premières négociations du traité paraissaient annoncer une issue favorable ; mais le mépris qu’on témoigna à ses ambassadeurs irrita sa vanité, et, selon les lois des nations, un peuple innocent fut puni de la morgue de la cour de Byzance[1]. George, amiral de Sicile, passa devant Corfou avec une escadre de soixante-dix galères. La capitale et l’île entière furent livrées par les habitans, peu attachés à la cour qui les gouvernait, et instruits par l’expérience qu’un siége est toujours plus désastreux qu’un tribut. Durant cette invasion, qui est de quelque importance dans les annales du commerce, les Normands se répandirent sur la Méditerranée et les provinces de la Grèce ; l’âge respectable des villes d’Athènes, de Thèbes et de Corinthe n’arrêta ni la rapine ni la cruauté. Aucun monument de la dévastation que subit Athènes n’est parvenu jusqu’à nous. Les Latins escaladèrent les anciens murs qui environnaient les richesses de Thèbes sans les garder ; les vainqueurs ne se souvin-

  1. Le silence des historiens de Sicile, qui finissent trop tôt ou commencent trop tard, doit être suppléé par Othon de Freysingen (De gest. Freder. I, l. I, c. 33, in Muratori. Scriptor., t. VI, p. 668), par le Vénitien André Dandolo (Id., t. XII, p. 282, 283), et par les auteurs grecs, Cinnamus (l. I, c. 2-5) et Nicetas (in Manuel, l. II, c. 1-6).