Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/190

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rent de l’Évangile que pour le faire intervenir dans le serment par lequel ils firent jurer aux légitimes propriétaires, qu’ils n’avaient soustrait aucune portion de leurs biens. La ville basse de Corinthe fut évacuée à l’approche des Normands ; les Grecs se retirèrent dans la citadelle, placée sur une hauteur, où la source de Pirène, si connue des amateurs de l’ancienne littérature, versait des eaux en abondance ; elle eût été imprenable si les avantages de l’art et de la nature pouvaient suppléer au défaut de bravoure. Les assiégeans n’essuyèrent d’autre fatigue que celle de gravir la colline. Leur général, étonné de sa victoire, témoigna sa reconnaissance envers le ciel en arrachant de l’autel une image précieuse de Théodore, le saint tutélaire de la forteresse. Les fabricans de soie des deux sexes, que Roger envoya en Sicile, formèrent la partie la plus précieuse du butin ; et, comparant l’habile industrie de ces artisans avec la fainéantise et la lâcheté des soldats, il s’écria que la quenouille et le métier étaient les seules armes que les Grecs fussent capables de manier. [Son amiral délivre Louis VII, roi de France.]Cette expédition maritime fut signalée par deux événemens remarquables ; la délivrance d’un roi de France, et Constantinople insultée par les vaisseaux siciliens. Les Grecs, violant toutes les lois de l’honneur et de la religion, avaient arrêté Louis VII à son retour d’une croisade malheureuse. La flotte normande le rencontra et le délivra. Il fut conduit avec honneur à la cour de Sicile, d’où il