Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/191

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se rendit ensuite à Paris en passant par Rome[1]. L’empereur grec se trouvait absent ; [Il insulte Constantinople.]Constantinople et l’Hellespont étaient sans défense et ne se croyaient pas en danger. Les galères de Sicile vinrent mouiller devant la cité impériale, et jetèrent l’épouvante parmi le clergé et le peuple ; car les soldats avaient suivi les drapeaux de Manuel. L’amiral sicilien n’avait pas assez de forces pour assiéger une si grande métropole ou l’emporter d’assaut ; mais il eut le plaisir d’humilier l’arrogance des Grecs, et de montrer aux vaisseaux de l’Occident le chemin de la victoire. Il débarqua quelques soldats pour dévaster les jardins de l’empereur, et il arma de pointes d’argent, ou, ce qui est plus vraisemblable, de matières enflammées, les traits que lança son armée contre le palais des Césars[2]. [L’empereur Manuel repousse les Normands. A. D. 1148-1149.]Manuel affecta de

  1. J’applique à la prise et à la délivrance de Louis VII le παῤ ολιγον ηλθε το‌υ αλωναι de Cinnamus, l. II, c. 19, p. 49. Muratori se moque, d’après d’assez bons témoignages (Ann. d’Ital., t. IX, p. 420, 421), de la délicatesse de quelques auteurs français qui assurent marisque nullo impediente periculo ad regnum proprium reversum esse ; au reste, j’observe que Ducange, leur défenseur, est moins positif lorsqu’il commente Cinnamus, que lorsqu’il donne l’édition de Joinville.
  2. In palatium regium sagittas igneas injecit, dit Dandolo ; mais Nicetas (l. II, c. 8, p. 66) transforme ces traits en Βελη αργεντεο‌υς εχοντα ατρακτο‌υς ; il ajoute que Manuel qualifiait cet outrage de παιγνιον, γελωτα… λησ‌τευοντα. Un compilateur, Vincent de Beauvais, dit que ces traits étaient d’or.