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faisaient une place importante ; les troupes de Frédéric l’assiégèrent deux fois, et se virent deux fois repoussées avec le courage qu’inspire l’amour de la liberté. Il était entretenu par l’ambassadeur de Constantinople ; les patriotes les plus intrépides étaient comblés, par la cour de Byzance, des honneurs et des richesses réservés à ses plus fidèles serviteurs[1]. L’orgueil de Manuel ne voulait point d’un Barbare pour collègue : son ambition était animée par l’espoir d’arracher la pourpre aux usurpateurs de l’Allemagne et d’établir, en Occident ainsi qu’en Orient, son titre légitime de seul empereur des Romains. Dans ce dessein, il sollicita l’alliance du peuple et de l’évêque de Rome. Plusieurs nobles se rangèrent de son parti : le mariage de sa nièce avec Odon Frangipani lui assura les secours de cette puissante famille[2], et l’ancienne métropole de l’empire accueillit avec respect son étendard ou son image[3].

  1. Muratori fait mention de deux siéges d’Ancône : le premier en 1167, soutenu contre Frédéric Ier en personne (Ann., t. X, p. 39, etc.) ; le second, en 1173, contre l’archevêque de Mayence, lieutenant de ce prince, prélat indigne de son titre et de ses emplois (p. 76, etc.). Les Mémoires que Muratori a publiés dans sa grande collection (t. VI, p. 921-946) sont ceux du second siége.
  2. Nous tirons cette anecdote d’une Chronique anonyme de Fossa Nova, publiée par Muratori (Script. ital., t. VII, p. 874).
  3. Le Βασιλειον σημειον de Cinnamus (l. IV, c. 14, p. 99) est susceptible de ces deux explications. Un étendard est