Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

contre l’insolence des tyrans subalternes ; et la révolte des émirs turcs et arabes désolait les rives de l’Euphrate et du Tigre. On invoqua comme un bonheur la présence d’un conquérant ; et le fer et la flamme, maux passagers, furent regardés comme des remèdes fâcheux mais salutaires, seuls capables de rendre quelque vigueur à la république. Le sultan de la Perse partit de Hamadan à la tête d’une armée invincible ; il écrasa les orgueilleux, fit grâce à ceux qui se prosternaient devant lui : le prince des Bowides disparut ; on apporta aux pieds de Togrul les têtes des rebelles les plus obstinés, et il donna une leçon d’obéissance au peuple de Mosul et de Bagdad. [Son investiture.]Après avoir châtié les coupables et rétabli la paix, cet illustre pasteur reçut la récompense de ses travaux, et une pompeuse comédie représenta le triomphe des préjugés religieux sur la force des Barbares[1]. Le sultan turc s’embarqua sur le Tigre, débarqua à la porte de Racca, et fit son entrée publique à cheval. Arrivé à la porte du palais, il descendit respectueusement, et marcha à pied, précédé de ses émirs désarmés. Le calife était assis derrière un voile noir ; il portait sur ses épaules le manteau noir des Abbassides, et il tenait le bâton de l’apôtre de

  1. Je dois à M. de Guignes (t. III, p. 197, 198) les détails de cette cérémonie curieuse ; ce savant auteur l’a tirée de Bondari, qui a composé en arabe l’histoire des Seljoucides (t. V, p. 365). Je ne sais rien sur le siècle, le pays ou le caractère de Bondari.