Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/229

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Dieu. Le vainqueur de l’Orient baisa la terre, se tint quelque temps dans une posture modeste, et fut ensuite conduit près du trône par le visir et un interprète. Il s’assit lui-même sur un trône voisin de celui du calife ; alors on lut publiquement une commission qui le déclarait lieutenant temporel du vicaire du prophète. Il fut revêtu successivement de sept robes d’honneur, et on lui présenta sept esclaves nés dans les sept climats de l’empire d’Arabie. On parfuma de musc son voile mystique, et pour emblème de sa domination sur l’Orient et l’Occident, on plaça deux couronnes sur sa tête et on lui ceignit deux cimeterres. Après cette inauguration, le sultan, qu’on empêcha de se prosterner une seconde fois, baisa deux fois les mains du calife ; et les hérauts proclamèrent ses titres au milieu des acclamations des musulmans. Le prince Seljoucide, dans un second voyage qu’il fit à Bagdad, arracha de nouveau le calife des mains de ses ennemis, et le conduisit dévotement de la prison au palais, marchant à pied et tenant la bride de sa mule. Leur alliance fut cimentée par le mariage de la sœur de Togrul avec le successeur du prophète. Le calife Cayem avait introduit sans répugnance une vierge turque dans son harem, mais il refusa orgueilleusement sa fille au sultan ; ne voulant pas mêler le sang des Hashémites au sang d’un pasteur de la Scythie ; il différa la négociation durant plusieurs mois, jusqu’à ce qu’enfin la diminution graduelle de son revenu lui apprît qu’il était toujours au pouvoir d’un maître. [Sa mort. A. D. 1063.]Togrul venait d’épouser la fille de Cayem lorsqu’il