Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/248

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la libéralité d’un Turc moins puissant que lui[1], son palais dut retentir des vers de cent poètes. Le sultan donna des soins plus sérieux et plus éclairés à la réforme du calendrier, qui fut opérée par une assemblée générale des astronomes de l’Orient. Les musulmans sont assujettis, par une loi de Mahomet, au calcul irrégulier des mois lunaires : depuis le siècle de Zoroastre, les Persans ont connu la révolution du soleil, et l’ont célébrée par une fête annuelle[2] ; mais, après la chute de l’empire des mages, on avait négligé l’intercalation : les minutes, les heures s’étaient accumulées, avaient formé des jours, et le commencement du printemps se trouvait avancé du signe du bélier à celui des poissons. Le règne de Malek fut illustré par l’ère gélaléenne, et toutes les erreurs passées ou futures se trouvèrent corrigées par un calcul qui surpasse l’exactitude du calendrier julien, et qui approche de celle du calendrier grégorien[3].

  1. Ce prince turc se nommait Kheder-Khan ; il avait quatre sacs de pièces d’or et d’argent autour de son sopha, et il en donnait des poignées aux poètes qui lui récitaient des vers (d’Herbelot, p. 107). Tout cela peut être vrai, mais je ne conçois pas que Kheder ait pu régner dans la Transoxiane au temps de Malek-Shah, et encore moins qu’il ait pu éclipser Malek par son faste et sa puissance. Je présume que ce prince régna au commencement, et non pas à la fin du onzième siècle.
  2. Voyez Chardin, Voyages en Perse, t. II, p. 235.
  3. L’ère gélaléenne (Gelaleddin, la Gloire de la foi, était