Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/254

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mina leurs raisons, ou plutôt leurs promesses ; et, après quelques incertitudes, Soliman se déclara en faveur de Botoniates, ouvrit un passage à ses troupes d’Antioche à Nicée, et joignit la bannière du croissant à celle de la croix. Nicéphore Botoniates, parvenu au trône de Constantinople, reçut honorablement le sultan dans le faubourg de Chrysopolis ou Scutari ; il fit passer en Europe un corps de deux mille Turcs, et dut à leur dextérité et à leur valeur la défaite et la captivité de son rival Bryennius ; mais sa conquête de l’Europe fut chèrement payée par le sacrifice de ses possessions asiatiques : Constantinople fut privée de la soumission et des revenus des provinces situées au-delà du Bosphore et de l’Hellespont, et l’on vit les Turcs s’avancer régulièrement, fortifiant les passages des rivières et des montagnes, ce qui ne laissait aucune espérance ni de leur retraite ni de leur expulsion. Un autre compétiteur réclama l’appui du sultan. Melissenus suivait le camp des Turcs, revêtu de la robe de pourpre et des brodequins rouges ; les villes découragées se laissaient séduire par les manifestes d’un prince romain, qui les livrait aussitôt entre les mains des Barbares. Un traité de paix, que signa l’empereur Alexis, confirma ces acquisitions : la crainte que lui inspirait Robert le força de rechercher l’amitié de Soliman ; et ce n’est qu’après la mort de celui-ci, qu’il porta la frontière orientale de l’empire jusqu’à Nicomédie, c’est-à-dire, à environ soixante milles de Constantinople. Trébisonde seule, défendue de tous côtés par la mer et les