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montagnes, conservait, à l’extrémité de l’Euxin, l’ancien caractère d’une colonie grecque, et les fondemens d’un empire chrétien.

Le royaume seljoucide de Roum.

L’établissement des Turcs, dans l’Anatolie ou l’Asie Mineure, fut la plus grande perte qu’eussent essuyée l’Église et l’Empire depuis les premières conquêtes des califes. La propagation de la foi musulmane valut à Soliman le nom de Gazi ou de champion sacré ; et les tables de la géographie orientale s’augmentèrent de son nouveau royaume des Romains ou de Roum. Les auteurs le représentent comme s’étendant de l’Euphrate à Constantinople, de la mer Noire aux confins de la Syrie, riche en mines d’argent et de fer, d’alun et de cuivre ; fertile en blé et en vin, et abondant en bétail et en excellens chevaux[1]. La richesse de la Lydie, les arts de la Grèce et les lumières du siècle d’Auguste, n’existaient plus que dans des livres et dans des ruines, également dédaignés des Scythes, maîtres du pays. Cependant l’Anatolie offre encore de nos jours quelques villes riches et peuplées ; mais, sous l’empire de Byzance, elles étaient plus nombreuses, plus considérables et plus opulentes. Le sultan établit sa résidence à Nicée, capitale de la Bithynie, qu’il eut soin de fortifier : le siége du gouvernement de la dynastie seljoucide de

  1. Telle est la description de Roum, par Haiton, l’Arménien, auteur d’une histoire tartare qui se trouve dans les Recueils de Ramusio et de Bergeron. (Voyez Abulféda, Géogr., Climat 17, p. 301-305.)