Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/302

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régulières, et au premier bruit de la trompette guerrière, la huitième ou la dixième partie des Hongrois courait aux armes et formait un corps de cavalerie formidable ; ils dressèrent des pièges à ces pieux brigands et exercèrent contre eux une vengeance sanglante et implacable[1]. Environ un tiers de cette multitude se sauva, nue et dépouillée, dans la Thrace, et Pierre l’ermite fut de ce nombre. L’empereur, qui respectait les motifs du voyage des Latins et désirait leurs secours, les fit conduire par une route sûre et facile jusqu’à Constantinople, et leur conseilla d’attendre l’arrivée de leurs compatriotes. Le souvenir de leurs fautes et de leurs pertes les contint jusqu’au moment où, ranimés par l’accueil hospitalier des Grecs, ils sentirent se rallumer leur cupidité : elle n’épargna point leur bienfaiteur ; les jardins, les palais et les églises furent également l’objet de leurs dévastations. Alexis, craignant pour sa propre sûreté, sut les engager à passer sur la rive asiatique du Bosphore ; mais leur aveugle impétuosité leur fit bientôt abandonner le poste in-

  1. Les anciens Hongrois, sans en excepter Turotzius, sont mal informés de la première croisade, qu’ils réduisent à un seul passage. Katona est réduit comme nous à citer les écrivains français ; mais il compare avec connaissance du local la géographie ancienne à la moderne. Ante portam Cyperon est Sopron ou Poson. Mallevilla, Zemlim, Fluvius Maroc, la Save ; Lintax, Leith ; Mesebroche ou Merseburg, Ouar ou Moson ; Tollemburg, Prague ( De regibus Hungar. t. III, p. 19-53).