Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/31

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époque on pourrait, en s’y appliquant, avec soin, suivre jusqu’à nous la chaîne non interrompue de leurs traditions. Vers la fin du dernier siècle, la secte ou la colonie habitait toujours les vallées du mont Hémus ; elle y vivait dans l’ignorance et la pauvreté, plus souvent tourmentée par le clergé grec que par le gouvernement turc. Les pauliciens modernes ont perdu tout souvenir de leur origine, et leur religion est souillée par l’adoration de la croix et par des sacrifices sanglans que des captifs venus des déserts de la Tartarie ont introduits parmi eux[1].

Ils s’établissent en Italie et en France.

En Occident, la voix des premiers prédicateurs manichéens avait été repoussée par le peuple et étouffée par le prince. La faveur et les succès qu’obtinrent les pauliciens aux onzième et douzième siècles, ne peuvent être attribués qu’au mécontentement secret, mais violent, qui armait contre l’Église de Rome les plus pieux d’entre les chrétiens. Son avarice était tyrannique, son despotisme odieux ; moins avilie peut-être que les Grecs par le culte des saints et des images, ses innovations étaient d’ailleurs plus rapides et plus scandaleuses. Elle avait établi le dogme de la transsubstantiation ; elle l’avait

    ce passage de l’historien anglais, dans une excellente note sur une page de Villehardouin (no 208), qui trouva les pauliciens à Philippopolis alliés des Bulgares.

  1. Voyez Marsigli, Stato Militare dell’ imperio ottomano, p. 24.