Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/32

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imposé comme une loi rigoureuse ; les mœurs des prêtres latins étaient plus corrompues ; et les évêques de l’Orient auraient pu passer pour les successeurs des apôtres si on les eût comparés à ces prélats puissans qui maniaient tour à tour la crosse, le sceptre et l’épée. Trois routes ont pu amener les pauliciens en Europe. Il y a lieu de croire qu’après la conversion de la Hongrie, les pèlerins qui se rendaient de cette contrée à Jérusalem pouvaient suivre sans danger le cours du Danube ; qu’en allant et à leur retour ils passaient à Philippopolis, et que des sectaires cachant leur nom et leur croyance, accompagnèrent les caravanes françaises et allemandes, et entrèrent avec elles dans leur patrie. Venise étendait son commerce et sa domination sur toute la côte de la mer Adriatique ; et cette république hospitalière accueillait les étrangers de tous les climats et de toutes les religions. Les pauliciens, enrôlés sous les drapeaux de l’empire de Byzance, furent souvent transportés dans les provinces que l’empereur possédait en Italie et en Sicile ; en temps de paix et durant la guerre, ils conversaient librement avec les étrangers et les naturels du pays, et leurs opinions se répandirent en silence à Rome, à Milan et dans les royaumes situés au-delà des Alpes[1]. On décou-

  1. Muratori (Antiq. Ital. medii ævi, t. V, Dissert. 60, p. 81-152) et Mosheim (p. 379-382, 419-422) discutent fort en détail ce qui a rapport à l’établissement des Pauliciens en Italie et en France, Mais ces deux auteurs ont né-