Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/371

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Éthiopiens ou Noirs armés de fléaux de fer, les Barbares du midi prirent la fuite dès la première charge, et offrirent le contraste frappant de la valeur intrépide des Turcs et de la lâcheté efféminée des naturels de l’Égypte, Après avoir suspendu devant le Saint-Sépulcre l’étendard et l’épée du sultan, le nouveau roi (du moins bien digne de ce titre) embrassa, pour la dernière fois, les compagnons de ses travaux, et ne put retenir, pour la défense de la Palestine, que le brave Tancrède avec trois cents chevaliers et deux mille soldats d’infanterie. Sa puissance fut bientôt attaquée par le seul ennemi contre lequel Godefroi se trouva sans courage. La dernière peste d’Antioche avait enlevé Adhémar, évêque du Puy, homme supérieur dans l’action et dans les conseils ; les autres ecclésiastiques ne conservaient de leur caractère que l’avarice et l’orgueil, et leurs clameurs séditieuses avaient exigé que le choix d’un roi fût précédé de l’élection d’un évêque. Le clergé latin usurpa les revenus et la juridiction du patriarche ; le reproche de schisme ou d’hérésie servit d’exclusion aux Grecs et aux Syriens[1] ; et, sous le joug de fer de leurs libérateurs, les chrétiens orientaux regrettèrent la tolérance des califes arabes. Daimbert, archevêque de Pise, initié depuis long-temps dans les secrets de la politique romaine, avait amené une flotte de Pisans au secours des croisés ; il fut installé sans réclamation chef temporel et spirituel de

  1. Renaudot, Hist. patr. Alexand., p. 479.