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taille de Tibériade, le sultan parut à la tête de son armée aux portes de Jérusalem[1].

Prise de Jérusalem. A. D. 1187. 2 octobre.

Il pouvait imaginer que le siége d’une ville dont le sort intéressait l’Europe et l’Asie ranimerait les dernières étincelles de l’enthousiasme, et que, des soixante mille chrétiens qu’elle renfermait encore, chaque homme serait un soldat et chaque soldat un héros avide du martyre. Mais la reine Sybille tremblait pour elle-même et pour son mari captif ; ceux des barons et des chevaliers qui avaient pu se soustraire à la mort et à la captivité conservaient, dans cette extrémité, le même esprit de faction et d’égoïsme. La majeure partie des habitans était composée de chrétiens orientaux que l’expérience avait instruits à préférer le gouvernement des mahométans à celui des Latins[2], et le Saint-Sépulcre attirait une populace indigente sans armes et sans courage, qui subsistait de la charité des pèlerins. On fit cependant à la hâte quelques faibles préparatifs de défense ; mais l’armée victorieuse repoussa les sorties des assiégés, plaça ses machines avec succès, ouvrit une large brèche, et planta sur les murs, le quatorzième jour, douze étendards du prophète et du sultan. En vain la reine, les femmes et

  1. Vertot, qui nous donne un récit bien fait de la perte du royaume et de la ville de Jérusalem (Histoire des chevaliers de Malte, t. I, l. II, p. 226-278), y insère deux lettres originales d’un Templier.
  2. Renaudot, Hist. patriar. Alexand., p. 545.