Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/436

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jusque dans la ville, et que, dans une autre circonstance, les chrétiens pénétrèrent dans la tente de Saladin. Par le secours des plongeurs et des pigeons, il entretenait avec la ville une correspondance suivie ; et dès que la mer se trouvait libre, la garnison épuisée était remplacée par de nouveaux soldats. La famine, les combats, et l’influence d’un climat étranger, diminuaient tous les jours l’armée des Latins ; mais les tentes des morts se remplissaient de nouveaux arrivans qui exagéraient le nombre et la diligence de ceux qui marchaient sur leurs traces. Le vulgaire étonné se laissa persuader que le pape lui-même était arrivé dans les environs de Constantinople, à la tête d’une armée innombrable. La marche de l’empereur remplissait l’Orient d’alarmes plus sérieuses. C’était la politique de Saladin qui multipliait les obstacles que Barberousse rencontrait dans l’Asie et peut-être dans la Grèce ; et la joie que lui causa la mort de ce souverain fut proportionnée à l’estime qu’il lui inspirait. Les chrétiens éprouvèrent plus de découragement que de confiance à l’arrivée du duc de Souabe et de cinq mille Allemands, débris de son armée, épuisée par le voyage. Enfin, au printemps de la seconde année, les flottes de France et d’Angleterre jetèrent l’ancre dans la baie de Ptolémaïde ; et l’émulation des deux jeunes rois, Philippe-Auguste et Richard Plantagenet, donna une nouvelle vigueur aux opérations du siége. Après avoir employé tous les moyens, épuisé toutes les ressources, les défenseurs de la ville se soumirent à