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inhumainement massacrés par les paysans et les soldats. Toutefois le tiers des bateaux russes échappa à la destruction en gagnant des eaux basses, et l’année suivante, Igor se prépara à venger sa défaite[1]. [La quatrième. A. D. 1043.]Après une longue paix, Jaroslas, arrière-petit-fils d’Igor, tenta une quatrième invasion. Le feu grégeois repoussa encore, à l’entrée du Bosphore, une flotte commandée par son fils. Mais l’avant-garde des Grecs, poursuivant les fuyards sans précaution, se trouva environnée de la multitude des embarcations russes : les provisions du feu grégeois se trouvaient vraisemblablement épuisées, et vingt-quatre de leurs galères furent prises, coulées bas ou détruites d’une autre manière[2].

Négociations et prophétie.

L’empire détournait plus souvent par les négociations que par les armes, les menaces ou les malheurs d’une guerre contre les Russes. Dans ces hostilités maritimes, tout le désavantage était du côté des Grecs. Le peuple farouche qu’ils combat-

  1. Léon le Grammairien, p. 506, 507 ; Incert. contin., p. 263, 264 ; Siméon Logothet, p. 490, 491 ; Georg. Monach., p. 588, 589 ; Cedrenus, t. II, p. 629 ; Zonare, t. II, p. 190, 191 ; et Luitprand (l. V, c. 6) qui écrivait d’après la narration de son beau-père, alors ambassadeur à Constantinople, et qui corrige les exagérations de la vanité des Grecs.
  2. Je ne puis citer ici que Cedrenus (t. II, p. 758, 759) et Zonare (t. II, p. 253, 254) ; mais leur témoignage devient plus sûr, et ils sont plus dignes de foi à mesure qu’ils approchent de l’époque où ils vécurent.