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Pays-Bas, un ermite s’annonça comme le comte Baudouin, empereur de Constantinople et légitime souverain de la Flandre ; il raconta les circonstances extraordinaires de sa fuite, ses aventures et sa pénitence, chez un peuple également disposé à la révolte et à la crédulité. Dans un premier transport, la Flandre reconnut le souverain qu’elle avait si long-temps pleuré. Mais la cour de France, après un court examen, démasqua l’imposteur, et il subit une mort ignominieuse. Les Flamands n’abandonnèrent pas cependant une illusion qu’ils chérissaient, et les plus graves historiens accusent la comtesse Jeanne d’avoir sacrifié à l’ambition la vie de son malheureux père[1].

Règne et caractère d’Henri. A. D. 1206. Août 20. A. D. 1216. Juin 11.

Toutes les nations civilisées établissent durant la guerre un cartel pour l’échange ou la rançon des prisonniers. Si leur captivité est prolongée, leur sort n’est point un mystère, et ils sont traités, selon leur rang, avec honneur ou avec humanité ; mais les lois de la guerre étaient inconnues au sauvage prince des Bulgares ; il était difficile d’éclairer la silencieuse

    et improbables, nous pouvons prouver la mort de Baudouin, 1o. par l’opinion des barons qui n’en doutaient pas (Villehardouin, no 230) ; 2o. par la déclaration de Joannice ou Calo-Jean, qui s’excuse de n’avoir pas donné la liberté à l’empereur, quia debitum carnis exsolverat cum carcere teneretur (Gesta Innocent. III, c. 109).

  1. Voyez l’histoire de cet imposteur, d’après les écrivains français et flamands, dans Ducange (Hist. de C. P., III, 9) et les fables ridicules adoptées par les moines de Saint-Alban, dans Matthieu Paris (Hist. maj., p. 271, 272).