Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/135

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devenait à la fois plus honorable et plus avantageux ; cependant la négociation éprouva quelque difficulté. Le pieux Louis IX aurait regardé l’achat d’une relique comme un crime de simonie ; mais en changeant seulement le style de la convention, il pouvait rembourser la dette sans scrupule, recevoir le présent et en témoigner sa reconnaissance. Deux dominicains furent envoyés à Venise comme ambassadeurs, pour racheter et recevoir la sainte couronne qui avait échappé aux dangers de la mer et aux galères de Vatacès. À l’ouverture de la caisse, ils vérifièrent le sceau du doge et des barons qu’on avait apposé sur un reliquaire d’argent, dans lequel était renfermée la boîte d’or qui contenait le monument de la Passion. Les Vénitiens cédèrent à regret à la justice et à la puissance, et l’empereur Frédéric accorda respectueusement le passage. La cour de France s’avança jusqu’à Troyes en Champagne au-devant de cette précieuse relique. Le roi, nu-pieds et vêtu d’une simple chemise, la porta lui-même en triomphe dans les rues de Paris, et le don de dix mille marcs d’argent consola Baudouin de son sacrifice. Le succès de cette négociation engagea l’empereur latin à offrir avec la même générosité les autres ornemens de sa chapelle[1] ; un reste considérable du

    stantinople à Paris, voyez Ducange (Hist. de C. P., l. IV, c. 11-14, 24-35), et Fleury (Hist. eccl., t. XVII, p. 201-204).

  1. Mélanges tirés d’une grande bibliothéque, t. XLIII, p. 201-205. Le Lutrin de Boileau représente l’intérieur, l’esprit et les habitudes de la Sainte-Chapelle ; et ses com-