Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/152

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et les usages des Germains ont distingué les divers rangs de la société. Les ducs et les comtes qui se partagèrent l’empire de Charlemagne, rendirent leurs offices héréditaires ; chaque baron léguait à ses enfans son honneur et son épée. Les familles les plus vaines de leurs prétentions se résignent à perdre dans l’obscurité du moyen âge, la tige de leur arbre généalogique, dont les racines, quelque profondes qu’elles puissent être, aboutissent certainement à un plébéien ; et leurs généalogistes sont forcés de descendre à dix siècles après l’ère chrétienne, pour découvrir quelques renseignemens dans les surnoms, les armoiries et les archives. Les premiers rayons de lumière[1] nous font discerner Athon, chevalier français ; sa noblesse est prouvée par le rang de son père, dont on ne dit point le nom, et nous trouvons la preuve de son opulence dans la construction du château de Courtenai, à environ cinquante six milles au sud de Paris, dans le district du Gâtinois. Depuis le règne de Robert, fils de Hugues Capet, les barons de Courtenai tiennent une place distinguée parmi les vassaux qui relevaient immédiatement de la couronne ; et Josselin, petit-fils d’Athon et d’une mère noble, est enregistré parmi les héros de la première croisade. Il s’attacha particulièrement aux étendards de Baudouin de Bruges, second comte d’Édesse, son

  1. Le premier renseignement sur sa famille est un passage du continuateur d’Aimoin, moine de Fleury, qui écrivit dans le douzième siècle. Voyez sa Chronique dans les Historiens de France , t. XI, p. 276.