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Charles d’Anjou s’empare de Naples et de la Sicile. A. D. 1266, 26 fév.

II. Les Latins, durant leurs calamités, avaient laissé tomber en ruine les tours de Constantinople ; Paléologue les fit rétablir, fortifier et garnir abondamment de grains et de provisions salées, dans la crainte d’un siége qu’il s’attendait à soutenir bientôt contre les puissances de l’Occident. Le monarque des Deux-Siciles était le plus formidable de ses voisins ; mais tant que Mainfroi, bâtard de Frédéric II, occupait ce trône, ses états étaient pour l’empire d’Orient un rempart plutôt qu’un sujet d’inquiétude. Quoique actif et brave, l’usurpateur Mainfroi, séparé de la cause des Latins et proscrit par les sentences successives de plusieurs papes, était assez occupé à se défendre ; et la croisade dirigée contre l’ennemi personnel de Rome, occupait les armées qui auraient pu assiéger Constantinople. Le frère de saint Louis, Charles, comte d’Anjou et de Provence, conduisait la chevalerie de France à cette sainte[1] expédition ; le vengeur de Rome obtint pour prix la couronne des Deux-Siciles. L’aversion de ses sujets

  1. Les meilleures relations de la conquête de Naples par Charles d’Anjou, les plus contemporaines et en même temps les plus complètes et les plus intéressantes, se trouvent dans les Chroniques florentines de Ricordano Malaspina (c. 175-193) et de Jean Villani (l. VII, c. 1-10, 25-30), publiées par Muratori dans les huitième et treizième volumes des Historiens de l’Italie. Il a abrégé dans ses Annales (t. XI, p. 56-72) ces grands événemens dont on trouve aussi le récit dans l’Istoria civile de Giannone, t. II, l. XIX ; t. III, liv. XX.