Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/198

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plorèrent cette cruelle et funeste tragédie[1]. Les persécuteurs doivent s’attendre à la haine de leurs victimes ; mais ils tirent ordinairement quelque consolation du témoignage de leur conscience, des applaudissemens de leur parti, et peut-être du succès de leur entreprise. Michel, dont l’hypocrisie n’était animée que par des motifs de politique, devait se haïr lui-même, mépriser ses partisans, estimer et envier les rebelles courageux auxquels il s’était rendu également odieux et méprisable. Tandis qu’à Constantinople on abhorrait sa violence, on se plaignait à Rome de sa lenteur, on y révoquait en doute sa sincérité ; enfin, le pape Martin exclut de la communion des fidèles celui qui travaillait à y faire rentrer une Église schismatique. [L’union dissoute. A. D. 1283.]Dès que le tyran eut expiré, les Grecs, d’un consentement unanime, abjurèrent l’union ; on purifia les églises, on réconcilia les pénitens, et Andronic, versant des larmes sur les erreurs de sa jeunesse, refusa pieusement aux restes de son père les obsèques d’un prince et même d’un chrétien[2].

  1. Voyez le sixième livre de Pachymères, et particulièrement les chapitres 1-11, 16-18, 24-27 ; il inspire d’autant plus de confiance, qu’il parle de cette persécution avec plus de douleur que d’aigreur.
  2. Pachymères, l. VII, c. 1, 11-17. Le discours d’Andronic l’ancien (l. XII, c. 2) est un monument curieux qui prouve que si les Grecs étaient esclaves de l’empereur, l’empereur n’était pas moins esclave de la superstition et du clergé.