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CHAPITRE LXIII.

Guerres civiles et ruine de l’empire grec. Règnes d’Andronic l’ancien, d’Andronic le jeune et de Jean Paléologue. Régence, révolte, règne et abdication de Jean Cantacuzène. Établissement d’une colonie génoise à Péra et Galata. Leurs guerres contre l’empire et contre la ville de Constantinople.

Superstition d’Andronic et du siècle. A. D. 1282-1320.

Le long règne d’Andronic l’ancien[1] n’est guère mémorable que par les querelles de l’Église grecque, l’invasion des Catalans et l’accroissement de la grandeur ottomane. On le célèbre comme le prince le plus savant et le plus vertueux de son siècle ; mais sa science et ses vertus ne contribuèrent ni à son propre perfectionnement ni au bonheur de la société. Esclave de la superstition la plus absurde, il était toujours environné d’ennemis réels ou imaginaires, et son imagination n’était pas moins frappée de la crainte des flammes de l’enfer que de celle des Turcs ou des Catalans. Sous le règne des Paléologue on considérait le choix d’un patriarche comme la plus sérieuse affaire de l’état. Les chefs de l’Église grecque étaient des moines ambitieux et fanatiques, dont les vices et les vertus, le savoir et l’ignorance, étaient

  1. Andronic justifie lui-même la liberté que nous prenons à son égard, par les invectives qu’il a prononcées (Nicéphore Grégoras, l. I, c. 1), contre la partialité de l’histoire ; il est vrai que sa censure est plus particulièrement dirigée contre la calomnie que contre l’adulation.