Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/226

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des Grecs[1]. À la tête des armées il n’excita ni l’inquiétude des ennemis ni la jalousie de la cour : sa patiente modération ne calcula point les années de son père ; et ce père n’eut jamais, ni dans les vices ni dans les vertus de son fils, aucun motif pour se repentir de la faveur qu’il lui avait accordée. Le fils de Michel portait le nom d’Andronic comme son grand-père, dont cette ressemblance avait de bonne heure déterminé la tendresse. L’esprit et la beauté d’Andronic augmentèrent l’affection du vieillard, qui se flattait que ses espérances trompées dans sa première génération, se réaliseraient avec éclat dans la seconde. Son petit-fils fut élevé dans le palais comme l’héritier de l’empire et le favori de l’empereur ; et dans les sermens comme dans les acclamations du peuple, les noms du père, du fils et du petit-fils formaient une trinité auguste : mais cette grandeur précoce corrompit bientôt le jeune Andronic ; il voyait avec une impatience puérile, le double obstacle qui arrêtait et pouvait arrêter long-temps l’essor de son ambition. Elle n’avait pour motif ni le désir de la gloire ni celui de travailler au bonheur

  1. Il fut couronné le 21 mai 1295, et mourut le 12 octobre 1320 (Ducange, Hist. byzant., p. 239). Son frère Théodore hérita, par un second mariage, du marquisat de Montferrat, embrassa la religion et les mœurs des Latins (οτι και γνωμη και πισ‌τει και οχηματι, και γενειων κο‌υρα και πασιν εδεσιν Λατινος ην ακραιφνης, Nicéph. Grég., l. IX, c. 1), et fonda une dynastie de princes italiens qui fut éteinte en 1533 (Ducange, Fam. byzant., p. 249-253}.